Hier dans une librairie du 11ème je suis tombée sur un album de mon enfance et je l'ai acheté. Il était en version poche, il ne m'a pas coûté grand chose et puis tous les souvenirs que j'ai récupérés en le feuilletant valaient bien ces six euros cinquante. Je me suis rappelée la moquette rêche, la lumière du nord depuis le vasistas jusqu'à mes genoux, la chaise en rotin, le tas d'albums illustrés que ma grand-mère achetait pour moi. Tous ces livres se sont perdus avec sa mort et je me demande combien de souvenirs ont disparus avec.
J'ai relu l'album dans le RER. J'adorais cette histoire, je l'ai lue et relue, mais elle ne ressemble pas à ce que je continuais à me raconter les années passant. Les dessins ne me plaisent plus vraiment, l'histoire n'est plus si belle. La souris ne se fait des amis qu'à partir du moment où elle perd sa singularité - elle voit le monde à l'envers - et devient comme tout le monde ; je suis tellement déçue. Je repense à cette petite fille qui lisait cette histoire sans prendre de recul et qui souhaitait elle aussi devenir comme tout le monde. J'aimerais retourner lui arracher l'album des mains et lui donner ceux que j'aime aujourd'hui, qui disent : prend des risques, sois forte, n'aie pas peur du monstre dans le placard, parce que tout ce qu'il veut c'est un câlin.
Pourtant, sur la couverture de cet album il y a le visage de ma grand-mère, alors je le garde, je le place dans ma bibliothèque.
J'ai bien aimé ce texte à partir d'un relecture d'un album de l'enfance. Prise de conscience de ce qui se cache derrière les coulisses enchantées de l'imaginaton enfantine...