« Attends … Je repousse ta main, regarde ... tu comprends … Attends … Pas ce soir, pas comme ça … Est-ce que tu veux bien … Juste … Est-ce que tu voudrais bien ... seulement ... me regarder ? »
Quand j'ai repoussé sa main elle s'est figée et son regard est revenu. J'aime pas quand ses yeux sont dans ses mains. Quel visage alors place-t-elle sur mon corps ? Ma chair devient une autre chair modelée sous ses doigts et j'aime pas ça. « Je veux … que tu me regardes. Sans tes mains. Arrête de me toucher ! Pas ce soir pas comme ça. Pas de cris, pas de confusion, pas de lutte ce soir, pas de mélange de corps. Juste tes yeux ; contre moi. »
Quand il n'y a rien à dire, elle ne dit rien. Je peux au moins lui accorder cela. Je me dénude, je regarde son regard, je le met dans mon ventre, pour les longues soirées froides à venir. Ses yeux n'ont toujours pas quitté mon corps, c'est bien, continue, elle est concentrée, moi je fais de mon mieux pour aimer ce que je montre, et quand tout est ôté, je relâche ma respiration. Sur mes draps propres je m'étends, et elle s'allonge à mes côtés, et le visage tourné vers moi elle s'endort.
Je me vois d'ici, je me vois demain soir dans mon lit vide et froid poser ma tête sur l'oreiller la joue dans le tissu, et fermer les yeux, et me dire qu'elle est encore là.
Je pense à Claude qui m'a dit hier que quand il posait la main sur la nuque de Cam, ils faisaient l'amour. Ce simple geste pour eux vaut mille débâcles.
Et moi j'ai un gros caillou sur mon oreiller de droite.